vendredi 18 juillet 2014

6-DANIEL, BEL ET LE DRAGON (Dn.14) (4)




- Speculum Humanae Salvationis, Darmstadt, Hessische Landesbibliothek, Ms. 2505, Westphalia, c.1360.



LES ŒUVRES GOTHIQUES

A partir du XIII° siècle, les épisodes étudiés, en dehors de celui de Daniel dans la fosse aux lions, semblent disparaître définitivement de la sculpture mais se maintiennent et se déclinent dans quelques Bibles gothiques. Ils deviennent cependant très courants aux XIV° et XV° siècles, avec le succès des Bibles historiales et des Speculum humanae salvationis manuscrits puis imprimés.


BIBLES DU XIII° S.

Au tournant du XIII° siècle, la Bible de Pampelune réalisée pour le roi de Navarre Sanche VII (Bibliothèques d’Amiens Métropole, Ms. 108 C, latin, 1197), consacre à nouveau de nombreuses illustrations au cycle de Daniel (fol 133v à 143r). Huit images réparties en cinq folios illustrent le chapitre 14 (fol. 139r à 141r - une grande image verticale au folio 139r puis deux images horizontales superposées aux folios suivants) mais l’épisode de Bel n’est pas représenté :

- Bible de Pampelune réalisée pour le roi de Navarre Sanche VII, Bibliothèques d’Amiens Métropole, Ms. 108 C, latin, fol. 138v° et 139r°, 1197.

-          Daniel devant le roi refusant d’adorer le serpent : la grande image montre Daniel tenant son bâton de prophète, devant le roi, en présence du dragon qu’il s’engage à tuer sans épée ni bâton, comme le rappelle le texte d’accompagnement.

 - Bible de Pampelune réalisée pour le roi de Navarre Sanche VII, Bibliothèques d’Amiens Métropole, Ms. 108 C, latin, fol. 139v° et 140r°, 1197.

-          Daniel devant le roi, son bâton de prophète à la main, met son plan d’empoisonnement à exécution, comme le souligne le texte,
-          Le serpent mort, le dragon est réduit en morceaux pour signifier sa mort,
-          Les babyloniens demandant au roi de leur livrer Daniel,
-          Daniel livré par le roi,

 - Bible de Pampelune réalisée pour le roi de Navarre Sanche VII, Bibliothèques d’Amiens Métropole, Ms. 108 C, latin, fol. 140v° et 141r°, 1197.

-          Daniel dans la fosse aux lions,
-          Daniel secouru par Habacuc transporté par l’ange,
-          L’exécution des ennemis de Daniel dévorés par les lions.


Une Seconde Bible de Pampelune datant du début du XIII° siècle (Harburg, Ms. 1-2, lat. 4°, 15, entre 1194 et 1234, vers 1200 ?) s’inspire de la précédente et offre une succession de scènes semblables (fol. 158v à 160v), y ajoutant cependant l’image d’Habacuc apportant le repas aux moissonneurs (Dn.14,33-35) déjà présente dans la sculpture romane berrichonne du XII° siècle (chapiteaux de Saint-Genou, Neuilly-en-Dun, Germigny-l’Exempt et Gargilesse). Dans ces deux manuscrits, la succession et le traitement des scènes où Daniel est tour à tour arrêté, condamné et délivré, attestent leur parallélisme avec la Passion du Christ. Quant à l’épisode de Daniel empoisonnant le serpent, il évoque dans le même manuscrit (Harburg, fol. 63r) l’épisode de Moïse et du Veau d’or (Ex.32,20) où l’idole brisée en morceaux est, tout à la fois, une statue comme Bel et un animal comme le serpent.

Au XIII° siècle, en dehors de ces manuscrits, les épisodes du chapitre 14 de Daniel, excepté celui de la Fosse aux lions, semblent peu représentés. Notons cependant la scène de Daniel empoisonnant le dragon dans la Bible rhénane d’Heisterbach (Berlin, Staatsbibl., Ms. Theol. Lat., fol. 360, vignette de la Préface de Jérôme au Livre de Daniel, vers 1240 ?) avec le dragon devant sa caverne, renversant la tête pour engloutir l’offrande, ainsi que dans la Bible anglaise de Robert de Bello (British Library, Burney MS 3, fol. 348, A, Livre de Daniel, vers 1230-1240) où le prophète, en avant du dragon, tient d’une main un phylactère et enfourne de l’autre une boule dans la gueule du monstre.


 - Bible rhénane d’Heisterbach, Berlin, Staatsbibl., Ms. Theol. Lat., fol. 360, vignette de la Préface de Jérôme au Livre de Daniel, vers 1240 (?).

- Bible anglaise de Robert de Bello, British Library, Burney MS 3, fol. 348, ALivre de Daniel, vers 1230-1240.



BIBLES ET HISTOIRES DE DANIEL DES XIV° et XV° S.

On retrouve les épisodes étudiés dans une nouvelle Copie de la Première Bible de Pampelune, datée du premier quart du XIV° siècle (New York, Public Library, Spencer Collection, MS 22) avec Daniel devant le roi refusant d’adorer le dragon (fol. 96vb) et les Détracteurs de Daniel dévorés par les lions (fol. 97ra), les autres images étant perdues.

Dans une Bible en latin réalisée en Bohême à la fin du XIV° siècle (New-York, Pierpont Morgan Library, MS M. 833, fol. 181 v, A, Prague ou Raudnitz, 1391, sous le règne de Wenceslas IV, roi de Bohême et empereur germanique), le début du Livre de Daniel offre la scène isolée de Daniel empoisonnant le dragon avec le monstre crachant des flammes et « faisant le beau » pour obtenir la boule de pain.


- Bible en latin réalisée en Bohême à la fin du XIV° siècle (New-York, Pierpont Morgan Library, MS M. 833, fol. 181 v, A, Prague ou Raudnitz, 1391, sous le règne de Wenceslas IV, roi de Bohême et empereur germanique.

Près d’un siècle plus tard, une Bible de Stuttgart rédigée en langue allemande et datée de 1477 (Heidelberg, Universitätsbibl., Cod. Pal. Germ. 18, atelier de Ludwig Henfflin, Stuttgart ?) illustre très richement, cette fois, le Livre de Daniel lui consacrant vingt-quatre vignettes (306v-362v), dont cinq pour le chapitre 14, illustrant huit scènes.
Les scènes, présentant Daniel jeune et blond, aux cheveux longs et frisés (fol. 360v-362v), sont les suivantes :

-    Daniel, dans le temple, répandant de la cendre devant la table à offrandes, en présence du roi qui s’apprête à fermer la porte (et à apposer son sceau ?),
-      Daniel, dans le temple, s’apprêtant à briser l’idole de Bel à l’aide d’une masse, en présence du roi qui fait exécuter les  prêtres devant l’entrée (à l’épée),


- Bible de Stuttgart rédigée en langue allemande et datée de 1477, Heidelberg, Universitätsbibl., Cod. Pal. Germ. 18, fol. 360v°, atelier de Ludwig Henfflin, Stuttgart (?).

- Bible de Stuttgart rédigée en langue allemande et datée de 1477, Heidelberg, Universitätsbibl., Cod. Pal. Germ. 18, fol. 361r°, atelier de Ludwig Henfflin, Stuttgart (?).

-   Daniel empoisonnant le dragon (sans ailes) en plein air, à l’aide d’une grosse boule de pain (qui peut laisser penser qu’elle renferme les pointes de fer citées dans les chroniques juives),
-     Daniel, dans la fosse aux (sept) lions,
-  Daniel, tiré de la fosse par deux hommes alors que ses accusateurs sont dévorés par les fauves.

En dehors des Bibles, il faut signaler la présence, parmi les premiers ouvrages allemands imprimés en typographie dans le troisième quart du XV° siècle, des recueils édités à Bamberg par Albrecht Pfister qui comportent une Histoire de Daniel parmi celle de quatre héros bibliques (Historie von Joseph, Daniel, Judith und Esther). Les exemplaires conservés, datés de 1462-1463 (B.N.F., RES.A.1646, vol. 2, fol. 24v et 25r, Bamberg) offrent deux gravures sur bois, parfois coloriées, situées en haut de page, illustrant les scènes suivantes du chapitre 14 avec Daniel représenté enfant (ce qui ne correspond pas au temps du récit) :
-          Daniel renversant l’idole de Bel d’un simple geste de bénédiction (colonne brisée) pendant l’Arrestation des prêtres, (absence de Daniel empoisonnant le dragon)
-          et Daniel dans la fosse aux lions secouru par Habacuc transporté par l’ange, avec la figure du roi dans la ville de Babylone.

- Historie von Joseph, Daniel, Judith und Esther). Les exemplaires conservés, datés de 1462-1463, Paris, B.N.F., RES.A.1646, vol. 2, fol. 24v et 25r, Bamberg.


Notons aussi, dans un manuscrit de la fin du XV° siècle de l’Histoire Tripartite ou Chronique de Baudouin d’Avennes (British Library, MS Royal 18 E.V, fol. 125v, manuscrit en français, Bruges, entre 1473 et 1480), une scène exceptionnelle montrant le moment précis où Daniel est jeté dans la fosse (Dn.14,31).


BIBLES HISTORIALES DES XIV° ET XV° S.

L’Historia scholastica  écrite vers 1170-1173 par un chanoine troyen surnommé Petrus Comestor (1100-1179) a remporté un succès qui a duré plusieurs siècles avec sa synthèse de l’histoire du monde mélangeant récits profanes et récits bibliques tronqués ou délayés (de la Genèse à l’Ascension) dont L’Histoire de Daniel et le chapitre De idolo Belis et dracone (très proche de la version de la Vulgate). Si cette œuvre en latin semble avoir été diffusée avec peu d’illustrations aux XII° et XIII° siècles, sa traduction assez libre en langue française, achevée en 1295 par un chanoine d’Aire-sur-la-Lys (Pas-de-Calais) dénommé Guiard des Moulins, va par contre être richement enluminée dans les manuscrits parisiens des XIV° et XV° siècles destinés à la dévotion royale et laïque et connus sous le nom de Bibles historiales. Ces manuscrits (environ 850 exemplaires conservés) peuvent être richement ornés ; ils présentent, pour le Livre de Daniel, une vignette ou plus rarement plusieurs.

Seule une Bible historiale de Charles V, datant du troisième quart du XIV° siècle (Hamburg, Kunsthalle, Ms. fr. 1, Maître de la Bible de Jean de Sy, vers 1370-1375), orne le Livre de Daniel de treize vignettes (130v-141r), avec une vignette supplémentaire, placée dans le sommaire illustré du début de volume (fol. 3r) et commentée comme suit (fol. 2r ou 2v) : « l’imayge d’un prophète qui gette en la bouche d’un dragon par quoy est segnefié le livre de Daniel si comme est escript ou XIIII° chapitre de son livre ».

Lorsque les vignettes illustrent le chapitre 14 étudié (dans plus d’une centaine de manuscrits ?), elles présentent, en général, un choix opéré parmi les scènes suivantes :

-          Les babyloniens adorant Bel et le dragon, scène rare où les babyloniens agenouillés présentent leurs offrandes à l’idole dorée de Bel (figure humaine vêtue) ainsi qu’au dragon doré lui aussi, accroupi sur l’autel (New York, Pierpont Morgan Library, MS M.322 I, fol. 237v, Paris, vers 1320-1330),

-          Daniel et Cyrus au Temple de Bel, où le prophète explique au roi son refus d’adorer Bel ; la scène se passe devant l’édifice (Paris, Bibl. Sainte-Geneviève, MS 22, fol. 219v, Maître du Roman de Fauvel, Paris, vers 1330) ou, le plus souvent, à l’intérieur du temple, devant l’autel et l’idole. L’idole, représentée sur l’autel ou bien sur une colonnette, adopte généralement la forme d’une figure humaine parfois couronnée et le plus souvent nue, au sexe masqué  (Paris, B.N.F., Ms. français 8, fol. 195, Maître du Roman de Fauvel, Paris, vers 1330 ; Paris, B.N.F., Ms. français 156, fol. 152v, Maître du Roman de Fauvel, Paris, première moitié du XIV° s.) mais aussi plus rarement et tardivement celle d’un dragon (Paris, B.N.F., Ms. français 9, fol. 261v, Paris, début du XV° s.).


- Bible historiale, Paris, B.N.F., Ms. français 8, fol. 195, Maître du Roman de Fauvel, Paris, vers 1330.

-         Daniel démasquant le subterfuge des prêtres de Bel avec Le roi scellant la porte (Paris, B.N.F., Ms. français 160, fol. 200, Maître du Roman de Fauvel, Paris, vers 1300-1325), et Le Festin nocturne des prêtres et de leurs familles (La Haye, MMW 10B23, fol. 261v, Paris, 1371, réalisée par Jean Bondol pour Charles V),


- Bible historiale, Paris, B.N.F., Ms. français 160, fol. 200, Maître du Roman de Fauvel, Paris, vers 1300-1325.

-          et Daniel empoisonnant le dragon (sans ailes), en présence du roi, devant la caverne du monstre ou dans un paysage (La Haye, MMW 10B23, fol. 262r, Paris,1371).

-          Au début du XV° siècle, s’ajoute la scène de l’Exécution des prêtres de Bel devant le roi, scène qui coexiste avec celle de Daniel s’apprêtant à détruire l’idole de Bel (New-York, Pierpont Morgan Library, MS M.394, fol. 199r, Paris, premier quart du XV° s. ; l’exécution se fait à coups de pierre et la destruction de l’idole à coups de masse).


- Bible historiale, New-York, Pierpont Morgan Library, MS M.394, fol. 199r, Paris, premier quart du XV° s.

Le roi, omniprésent aux côtés du prophète est généralement barbu et couronné. Daniel est pour sa part représenté indifféremment âgé, jeune ou même enfant. Il est tour à tour représenté barbu ou imberbe, les cheveux courts ou longs et la tête nue, encapuchonnée, coiffée du bonnet juif ou plus rarement auréolée. Il tient parfois son bâton de prophète, le Livre de la Loi, le rouleau ou un phylactère.
L’Historia Scholastica a été traduite, dès le XIII° siècle, en d’autres langues que le vieux français. Au début du XV° siècle, d’autres centres que Paris vont produire des ouvrages enluminés, comme le Saint Empire romain germanique (Alsace, Bavière, Autriche) et les États bourguignons (Flandre, Pays-Bas).

Les manuscrits d’Utrecht rédigés en néerlandais, vont ainsi offrir un choix de scènes proches des Bibles historiales parisiennes, avec souvent une, deux ou trois vignettes pour le chapitre 14 :
-         avec Daniel mettant en place le piège en faisant répandre de la cendre (La Haye, KB 78D 39, fol. 284, Utrecht, vers 1435),

-         Daniel montrant au roi la table vide et les empreintes dans le temple,    
-         Daniel empoisonnant le dragon (sans ailes) dans un paysage, 

- Bible historiale, La Haye, KB 78D 39, fol. 284, Utrecht, vers 1435.

-         mais vont ajouter cependant la scène de Daniel dans la fosse aux lions secouru par Habacuc (ces trois dernières scènes sont présentes dans un manuscrit de La Haye, KB 78D38I, fol 256r-256v, enluminé par Claes Brouwer, Utrecht, 1430), où la fosse devient une tour-prison et où l’on aperçoit parfois un moissonneur au travail (La Haye, MMW 10A 19, fol. 85v, Utrecht, vers 1435).

Un manuscrit viennois du XV° siècle, représentatif des autres centres de production (Weltchronik, Wien, Österreichische Nationalbibliothek, Cod. Nr. 2766, fol. 168v et 169r, Vienne, vers 1470), consacre une image à l’épisode de Bel (Daniel répandant de la cendre) et une autre à l’épisode du Dragon (Daniel mettant la main dans la gueule du dragon pour lui faire avaler une boule empoisonnée).


- Weltchronik, Wien, Österreichische Nationalbibliothek, Cod. Nr. 2766, fol. 168v et 169r, Vienne, vers 1470.

Notons que l’Historia Scholastica et ses traductions seront imprimées dès la seconde moitié du XV° siècle ainsi qu’au siècle suivant.


SPECULUM HUMANAE SALVATIONIS DES XIV° ET XV° S.

De nombreux manuscrits (environ 380 exemplaires manuscrits et imprimés sont conservés dont 130 illustrés) du Speculum humanae salvationis illustrent aussi, aux XIV° et XV° siècles, les épisodes du chapitre 14 du Livre de Daniel. Le Speculum humanae salvationis est un ouvrage en prose rimée écrit en latin (compilant essentiellement l’Historia Scholastica de Petrus Comestor et la Legenda Aurea de Jacques de Voragine) afin de diffuser l’enseignement des philosophes de l’Antiquité et du christianisme au travers des vies de la Vierge et du Christ. L’ouvrage semble avoir été rédigé en 1324 (ou peu avant) par un auteur qui reste mal identifié ; il a longtemps été attribué au milieu rhénan et en particulier à Ludolphe de Saxe, dominicain strasbourgeois, mais les recherches les plus récentes l’attribuent désormais au milieu italien, peut-être à un franciscain ou un dominicain de Bologne, dans le premier quart du siècle (le plus ancien manuscrit conservé n’est plus connu que par des photos : Toledo, Archivo y Biblioteca Capitulares, MS 10.8, latin, Bologne, vers 1324-1335). L’ouvrage italien illustré s’est rapidement diffusé dès le second quart du siècle, en Hongrie, en France et surtout dans les pays germaniques, influençant durablement les nouveaux ouvrages par son iconographie.

A côté des versions latines très nombreuses vont coexister en Europe des traductions en langue vernaculaire en prose et en vers (surtout en allemand, mais aussi en français et en néerlandais, et plus rarement en anglais et en tchèque) avec des images identifiées par des légendes rédigées tout à la fois en latin (Daniel interfecit Beel et draconem, Daniel destruxit Bel et interfecit draconem, Daniel interfecit bel et dracone occidit) et en langue vernaculaire. Les traductions françaises sont connues sous le titre générique du Miroir du Salut du Genre Humain, titre qui recouvre des versions diverses comme Le Miroir de la Salvation Humaine (traduction de Jean Miélot pour Philippe III le Bon, duc de Bourgogne, en 1448) ou Le Mirouer de la Rédemption de l’Humain Lignaige (traduction de Julien Macho pour une édition lyonnaise de 1478).

Les manuscrits, à destination des laïcs et des clercs, sont  illustrés de modestes dessins à la plume (Munich, Bayer. Staatsbibl., clm 146, en latin, fol. 15v, vers 1340-1350, Italie) ou bien de riches miniatures (jusqu’à 192 illustrations par ouvrage) ; chaque groupe de quatre illustrations (une ou deux par page et plus rarement quatre par page) correspond aux quatre parties d’un même chapitre (45 chapitres) et offre quasi-systématiquement une scène du Nouveau Testament accompagnée de trois scènes de l’Ancien, en tant que préfigures.

Les deux épisodes de Bel et du Dragon (Spec., chap.13) sont réunis dans une même image comme s’ils étaient concomitants. Cette image précède celles de David triomphant de Goliath et de David triomphant du lion et de l’ours et suit celle de la triple Tentation du Christ au désert, préfigurant, précise le texte, la victoire du Christ sur la gloutonnerie. Les illustrations insistent d’ailleurs sur le parallèle entre le geste du diable proposant au Christ une pierre à transformer en pain et le geste de Daniel proposant le pain empoisonné au dragon (Cambridge, Fitz. Bibl., Ms. 23, en latin, fol. 14v, fin XIV° s., Italie).


- Speculum Humanae Salvationis, Chantilly, musée Condé, Ms. 139, en français, Gand ou Bruges, vers 1500.

- Speculum Humanae Salvationis, Chantilly, musée Condé, Ms. 139, en français, fol. (?) et 14v°, Gand ou Bruges, vers 1500.

La scène de Daniel dans la fosse aux lions secouru par Habacuc (Spec., chap. 28 ou 29) est liée, pour sa part, à celles de la Mort et de la Résurrection du Christ (Descente aux Limbes ou Hiérarchie des lieux célestes et infernaux), Daniel indemne dans la fosse préfigurant le Christ sauvé de la mort (La Haye, MMW 10C23, en latin, fol. 32r, 1450). Contrairement aux Bibles historiales, la plupart des Speculum humanae salvationis ornés (plus d’une centaine) montre donc les scènes du chapitre 14 de Daniel.
Objet de succès, le Speculum humanae salvationis fera partie, dès la fin des années 1460, des premiers livres imprimés (en latin et en langue vernaculaire) ornés de gravures sur bois (British Library, G.11784, incunable xylographique, Utrecht ou Munich, vers 1475-1479) parfois coloriées (Lyon, B.M., Res. Inc. 1043, fol. 33, 370v, France, 1482), et de nombreuses éditions se succéderont jusqu’au début du XVI° siècle.

Dans ces ouvrages, manuscrits comme imprimés, les représentations de Daniel et du roi sont semblables à celles des Bibles historiales, cependant le roi est plus rarement présent mais tient systématiquement le sceptre (Chantilly, musée Condé, Ms. 139, en français, fol. 14v, Gand ou Bruges, vers 1500).

L’idole de Bel adopte parfois encore une forme humaine, quasiment nue  (Copenhagen, Royal Library, GKS 79 2°, fol. 39r, ouvrage en allemand réalisé en France, vers 1430) avec parfois une coiffure étrange (B.M. Marseille, Ms. 89, fol 13v, 1475), ou bien vêtue d’un habit de bouffon pourvu d’oreilles (Chantilly, musée Condé, Ms. 139, en français, fol. 14v, Gand ou Bruges, vers 1500) (FIG. 10). Plus fréquemment, l’idole adopte une forme hybride, mi-humaine, mi-animale (Yale University, Beinecke rare book and manuscript library, MS 27, olim Z 109.073, en latin, fol. 31v, Angleterre, début du XV° s.), avec un corps nu, griffu et velu, pourvu d’une longue queue et d’une tête plus ou moins monstrueuse pourvue de cornes ainsi que de grandes oreilles qui sont le symbole ancien de son grand entendement. Bel, debout sur l’autel ou sur une colonne, feint de manger et de boire (montrant ainsi sa gloutonnerie, son avidité gourmande des nourritures terrestres et des péchés, à l’opposé des jeûnes de Daniel et du Christ de la Tentation), de jouer de la flûte (emblème de la séduction) ou bien tient un ou deux objets symboliques de son pouvoir (bâton, fanion, lance, bouclier) mais reste impuissant, voire ridicule.
Daniel se tient  le plus souvent au centre de l’image, dans le temple ou un paysage, près de l’autel souvent chargé d’offrandes. Il tourne en général le dos à l’idole de Bel et tend une boule empoisonnée au dragon, parfois du bout d’une cuiller (New-York, Pierpont Morgan Library, MS M 766, en latin, fol. 34v, Angleterre, début du XV° s. ) ou d’un long bâton (B.M. Lyon, Ms. 245, en latin, fol 132v, 1462), ou bien tire la langue du monstre pour lui enfourner la boule (Paris, B.N.F., Ms. français 188, fol 17v, 1450).


- Speculum Humanae Salvationis, B.M. Lyon, Ms. 245, en latin, fol 132v, 1462.

-  Speculum Humanae Salvationis, Paris, B.N.F., Ms. français 188, fol 17v, 1450.

Plus rarement, Daniel se tourne vers l’idole de Bel et la renverse d’un geste de bénédiction (Heidelberg, Universitätsbibl., Cod. Pal. Germ. 432, en allemand, fol. 18r, Rhin Moyen, vers 1420-1430) ou bien empoisonne d’une main le dragon et tire l’idole de l’autre, en présence du roi mais aussi des prêtres en train de manger, émergeant du passage secret (La Haye, MMW 10B34, fol. 13v, Cologne, vers 1450). Enfin, l’épisode est parfois divisé en deux images (Copenhagen, Royal libr., GKS 80 2°, en allemand, fol. 27v, vers 1440-1450, France ou Allemagne ?) :
-          avec une première image montrant Daniel brisant l’idole en deux à l’aide d’une masse pendant l’Exécution des prêtres de Bel (à coups de masse et de pierres) commandée par le roi,
-    et  la seconde montrant Daniel empoisonnant le dragon.

Le dragon représenté debout, assis ou couché, de la taille d’un mouton ou d’un bœuf, adopte en général une tête monstrueuse crachant parfois le feu, un corps ailé ou non (ailes d’oiseau repliées ou ailes de chauve-souris éployées), deux ou quatre pattes griffues, parfois palmées (B.M. Lyon, Ms. 245, en latin et français, fol 132v, 1462 ; Chantilly, musée Condé, Ms. 139, en français, fol. 14v, Gand ou Bruges, vers 1500) (FIG. 10 et 11) et une queue de serpent ou de quadrupède.

Si les illustrations du Speculum humanae salvationis ont influencé de nombreuses œuvres d’art (Livres d’Heures, vitraux, tapisseries, retables et peintures murales), les scènes de Bel et du Dragon semblent avoir été rarement imitées ou avoir disparu. Elles sont toutefois présentes dans les vitraux du second quart du XIV° siècle du chœur de l’église alsacienne de Saint-Étienne de Mulhouse (Haut-Rhin, verrières 108, vers 1330-1340), dans la grande broderie du XV° siècle du couvent de Wienhausen (Basse-Saxe, laine sur toile ; scènes étrangement placées après celles de David) et dans les peintures murales de la fin du XV° siècle des voûtes de l’église suédoise de Gryta (commune d’Uppland, 1487, inspirées là de gravures de peu antérieures : British Library, G.11784, incunable xylographique, Utrecht ou Munich, vers 1475-1479).


- La grande broderie du XV° siècle du couvent de Wienhausen Basse-Saxe, laine sur toile.


- Peintures murales de la fin du XV° siècle des voûtes de l’église suédoise de Gryta, commune d’Uppland, 1487, inspirées là de gravures de peu antérieures : British Library, G.11784, incunable xylographique, Utrecht ou Munich, vers 1475-1479.



CATALOGUE

BIBLES
 
- Bibliothèques d’Amiens Métropole, Ms. 108 C, Bible en latin, fol. 139r-141r, 1197, Première Bible de Pampelune composée pour Sanche VII, roi de Navarre (1194-1234).
- Harburg, Collection du Prince Dettingen-Wallerstein, Ms. 1-2, lat. 4°, 15, Bible en latin, fol. 158v-160v, entre 1194 et 1234 (vers 1200 ?), Seconde Bible de Pampelune.
- British Library, Burney MS 3, Bible de Robert de Bello, fol. 348, A, vers 1230-1240, Angleterre.
- Berlin, Staatsbibliothek, Bibel von Heisterbach, Ms. Theol. Lat. fol. 360 et 361, XIII° s. (vers 1240 ?).
- Heidelberg, Universitätsbibl., Cod. Pal. Germ. 18, Bible, Ancien Testament, en allemand, fol. 360v-362v, atelier de Ludwig Henfflin, Stuttgart (?), 1477.  
- New York, Public Library, Spencer Collection, MS 22, fol. 96vb et 97ra, Copie de la Première Bible de Pampelune, premier quart du XIV° s.
- New-York, Pierpont Morgan Library, Bible, MS M. 833, fol. 181 v, A, Prague ou Raudnitz, 1391, sous le règne de Wenceslas IV.


HISTOIRES DE DANIEL

- British Library, MS Royal 18 E.V, l’Histoire Tripartite ou Chronique de Baudouin d’Avennes, manuscrit en français, fol. 125v, Bruges, entre 1473 et 1480.
- Paris, B.N.F., RES.A.1646, vol. 2, Histoire de Daniel, en allemand, fol. 24v et 25r, Bamberg, Albercht pfister imprimeur, 1462-1463.


BIBLES HISTORIALES (quelques exemples)

- Hamburg, Kunsthalle, Ms. fr. 1, réalisée par le Maître de la Bible de Jean de Sy pour Charles V, vers 1370-1375.
- Iéna, Friedrich-Schiller Universität und Landesbibliothek, MS EL. Fol 95-96 , fol. 77v, Mons, vers 1465-1473.
- La Haye, KB : 71A 23, fol. 229v, Maître du Roman de Fauvel, vers 1320-1340, Paris ; 78D 38I, fol. 256r, 256va-b, enluminée par Claes Brouwer, Utrecht, vers 1430 ; 78D 39, fol. 268v et 284r, Utrecht, vers 1430-1440  ( ?).
- La Haye, MMW : 10B 23, fol.261v et 262r, 1371, Paris, enluminée par Jean Bondol pour Charles V ; 10A 19, fol. 85v, Utrecht, vers 1435.
- Londres, British Library, Royal MS 15 D.I, fol. 57 et fol. 58, Bruges, vers 1470-1479 pour le jeune prince Édouard V d’Angleterre.
- Paris, B.N.F., Ms. Français 160, fol. 200v, Maître du Roman de Fauvel, vers 1300-1325, Paris ; Ms. Français 8, fol. 195, Maître du Roman de Fauvel, vers 1320-1330, Paris ; Ms. Français 156, fol. 232v, Maître du Roman de Fauvel, vers 1300-1350, Paris ; Ms. Français 9, fol. 261v, début du XV° s., Paris.
- Paris, Bibl. Sainte-Geneviève, Ms. 22, fol. 219v, Maître du Roman de Fauvel, vers 1325-1335, Paris.
- New-York, Pierpont Morgan library, MS M.322 I, fol. 237v, en français, Paris, vers 1320-1330.
- New-York, Pierpont Morgan Library, MS M.394, fol. 199r, en français, Paris, premier quart du XV° s.
- Wien, Österreichische Nationalbibliothek, Cod. Nr. 2766, Weltchronik, fol. 168v et 169r, Vienne, vers 1470.


SPECULUM HUMANAE SALVATIONIS (quelques exemples) 

Le premier folio cité est celui de Bel et du Dragon, le second celui de Daniel dans la fosse secouru par Habacuc.
- Cambridge, Fitzwilliam Library, MS 23, fol. 14v, en latin, fin XIV° s., Italie, (le reste de l’ouvrage est conservé à Paris, BNF, MS lat. 9584).
- Chantilly, musée Condé, Ms. 139, en français (images légendées aussi en latin), fol. 14v et 30r, Gand ou Bruges, vers 1500 (?).
- Copenhagen, Royal Library, GKS 79 2°, ouvrage en allemand réalisé en France, fol. 39r, vers 1430 ; GKS 80 2°, ouvrage en allemand, fol. 27v, vers 1440-1450.
- Heidelberg, Universitätsbibl., Cod. Pal. Germ. 432, en allemand, fol. 18r et 36r, Rhin Moyen, vers 1420-1430.
- Glasgow, University Library, Special collections department, MS Hunter 60 (T.2-18), traduction française de Jean Miélot de 1448 pour Philippe III le Bon, duc de Bourgogne, fol. 19v et fol. 40v, Bruges, 1455.
- Kremsmünster Stiftsbibliothek MS 243, en allemand, vers 1330-1340.
- La Haye, MMW : 10B 34, fol. 13v, 29r,  Cologne, vers 1450 ; 10C 23, fol. 16v et 32r, Allemagne (?), vers 1450 ( ?).
- Londres, British Library, G.11784, incunable xylographique, Utrecht (ou Munich ?), vers 1475-1479.
- Lyon, B.M., Ms. 245, en latin (images légendées aussi en français), fol. 132v et  148, copiste Jacques de Choquez, pour l’abbaye Notre-Dame de Mons (Belgique), 1462 ; Res. Inc. 1043, fol. 370v et 436, traduit en français par Julien Macho, éditeur Matthias Huss, Lyon, 1482.
- Marseille, B.M., Ms. 89, fol. 13v et 29, vers 1470-1480, France (Sud-Est ?).
- Munich, Bayerische Staatsbibliothek, Clm. 146, en latin, fol. 15v, possession de Sélestat, Alsace, vers 1340-1350, réalisé en Italie, Bologne ? ; et livre imprimé vers 1475 par Peter Drach à Speyer.
- New-York, Pierpont Morgan Library, MS M 766, en latin, fol. 34v, Angleterre, début du XV° s. ; MS M 385, en latin et flamand, fol. 15b, Bruges, première moitié ou plutôt milieu du XV° s. ; MS M 140, en latin, fol. 15v, Allemagne, Nuremberg (?), seconde moitié du XIV° s. ; INCUNOS1, ChL454, livre imprimé par Peter Drach à Speyer vers 1481.
- Paris, B.N.F., MS Français 400 fol. 8, vers 1350-1400, Grande-Bretagne ; MS Latin 511, fol. 13v et 29r, vers 1370-1380, Alsace ou Allemagne de l’Ouest ; MS Latin 512, fol. 14v, XV° s., Bâle ; MS Français 188, fol. 17v et fol. 33r, Bruges ( ?), vers 1460 ; Paris, Bibl. de l’Arsenal, MS 593, XIV° s., Italie.
- Prague, Metropolitan Chapter Library, MS A.13, décor italo-bohémien, fin du XIV° s.
- Rome, Biblioteca Corsiniana, MS 55.K.2, décor franco-italien, XIV° s.
- Toledo, Archivo y Biblioteca Capitulares, MS 10.8, en latin, fol. 15v, Bologne, vers 1324-1335.
- Vatican, MS Reg. Lat. 99, fol. 15v, 1428, Hongrie (sous influence d’un ms italien du XIV° s.).
- Vienne, Oesterreichisches Nationalbibliothek, MS s.n. 2612, 1336, Autriche.
- Yale University, Beinecke rare book and manuscript library, MS 27 (olim Z 109.073), en latin, fol. 31v et fol. 53r, Angleterre, fin XIV° ou début du XV° s.

BRODERIES, VITRAUX ET PEINTURES MURALES

- Broderie du couvent de Wiesbaden (Basse-Saxe), quatrième registre, XV° s..
- Vitraux du chœur de Saint-Étienne de Mulhouse (Haut-Rhin), verrières 108 et 109, vers 1330-1340.
- Peintures murales des voûtes de l’église suédoise de Gryta (commune d’Uppland, 1487).


BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

- AVRIL (François), « Une Bible historiale de Charles V », Jahrbuch der Hamburger Kunstsammlungen, XIV-XV, 1970 p 45-76 (Hambourg, Kunsthalle, Ms. fr. 1, Maître de la Bible de Jean de Sy, vers 1370-1375 : Livre de Daniel p 72, 73, 75 et fig. 2, 3 et 38-41).
- BUCHER (François), The Pamplona Bibles, New Haven and London, Yale University Press, 1970, 2 vol.: vol. 1, Text, vol. 2, Facsimile (Cycle de Daniel, vol. 1 p 242-245 et vol. 2 p 312-331), Dn.14, vol. 1 p 244-245 et vol. 2 pl. 323-327 (Amiens, B.M., Ms. lat. 108, 1197 – Harburg, Ms. 1-2, lat. 4°, 15, vers 1194-1234).
- COMESTOR (Petrus), « De idolo Belis et dracone », Historia scholastica :
 http://la.wikisource.org/wiki/Historia_Scholastica_Daniel  p 1, 12-13.
- HELENIUS-ÖBERG (Eva), « Avguden Bel och frälsningens spegel i Gryta kyrka »,  Iconographisk-Post, 1996 (3), p 12-29 (Daniel empoisonnant le dragon, fig. 4 p 15 - 4a : peinture murale de Gryta ; 4b : Speculum Humanae Salvationis, incunable xylographique, Utrecht ou Munich, vers 1475-1479 - et fig. 5 p 16 : Speculum Humanae Salvationis, New-York, Pierpont Morgan Library, MS M 385, fol. 15b, Bruges, première moitié ou plutôt milieu du XV° s.).
- KOMADA (Akiko), Les illustrations de la Bible historiale – Les manuscrits réalisés dans le Nord, Thèse de 3° Cycle, 2000, (Iéna, Friedrich-Schiller Universität und Landesbibliothek, MS EL. Fol 95-96 , fol. 77v, Mons, vers 1465-1473, notice 28 p 740 ; Londres, British Library, Royal MS 15 D.I, fol. 57 et fol. 58, Bruges, vers 1470-1479 notice 38 p 784 ; Hambourg, Kunsthalle, Ms. fr. 1, Maître de la Bible de Jean de Sy, vers 1370-1375, notice 63bis p 887-891 ; pas d’images de ces folios).
- LABRIOLA (Albert C.), SMELTZ (John W.), The Mirror of Salvation  - Speculum Humanae Salvationis – An edition of British Library Blockbook G.11784, Duquesne University press, 2002 (Daniel, Bel et le dragon p 42-43 et 125-128, fig. 50 p 42).
- Reallexikon zur deutschen Kunst-Geschichte (dir. SCHMITT Otto), T III (25), Stuttgart, 1954 (Daniel et le dragon, col. 1033-1049 ; Speculum humanae salvationis, Munich, Bayerische Staatsbibliothek, Clm. 146, fol. 15v, milieu du XIV° s., fig. 7, col. 1041-1042).
- SILBER (Evelyn), “The reconstucted  Toledo Speculum Humanae Salvationis : the Italian connection in the early fourteenth century”, Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, vol. 43, 1980 p 32-51 et planches (Munich, Bayerische Staatsbibliothek, Clm. 146, fol. 15v, Italie, Bologne ?, vers 1340-1350, pl. 5b ; Toledo, Archivo y Biblioteca Capitulares, MS 10.8, en latin, fol. 15v, Bologne, vers 1324-1335, pl. 6a ; Vatican, MS Reg. Lat. 99, fol. 15v, 1428, Hongrie, pl. 8a).
- SWARZENSKI (Hanns), Die lateinischen illuminierten Handschriften des XIII. Jahrhunderts in den Ländern an Rhein, Main und Donau, 2. Bde, Berlin, 1936 (Bibel von Heisterbach., vol. 1 p 93 et n. 32, vol. 2, fig. 84-85).
- The Mirour of Mans Saluacioun, A Middle English translation of Speculum Humanae Salvationis, edited by Avril Henry, University of Pennsylvania Press, Philadelphia, 1987 (bois gravés - publiés pour illustrer le texte d’un manuscrit anglais réalisé vers 1429 - tirés du livre imprimé vers 1475 par Peter Drach à Speyer : Munich, Bayerische Staatsbibliothek ; Daniel, Bel et le dragon, illustration p 90, texte p 36 et 93, et Daniel dans la fosse aux lions, illustration p 152, texte p 39 et 153).
- WILSON (Adrian) and WILSON (Joyce Lancaster), A Medieval Mirror, Speculum humanae salvationis 1324-1500, Berkeley University of California Press, 1984,

(ouvrage en ligne: http://67.118.51.201/bol/DeweyResults.cfm?DeweyP=940 (Medieval Mirror, cliquer sur l’un des auteurs ; image de Daniel, Bel et le dragon: The New York Pierpont Library, MS M 766, fol. 34v, début du XV° s., Angleterre, ch.II, fig. 24 p 47 ; image de Daniel entre les lions secouru par Habacuc : bois gravé, édition de Jean Veldener, Culemborg (près d’Utrecht), 1483, ch.VI, fig. p 166). 


(A SUIVRE)





dimanche 6 juillet 2014

5-DANIEL, BEL ET LE DRAGON (Dn.14) (3)




 Bible de Reims, B.M. Reims, Ms. 18, fol. 62v, Est de la France, vers 1120-1140. Dans le cadre de l’initiale D de DANIHELE de la Préface de Jérôme au Livre de Daniel, le prophète, imberbe, est représenté avec le corps de trois-quarts et le visage de profil, vêtu à la mode persane, avec le manteau, la tunique courte et le bonnet phrygien. Le prophète tend l’un des pains meurtriers, apportés dans un repli de son sac, au dragon situé à sa droite ; le monstre se retourne et saisit de sa gueule dentée la nourriture ainsi offerte.



LES ŒUVRES ROMANES
  
A l’époque romane, les thèmes étudiés sont présents dans l’enluminure comme dans la sculpture. 

ENLUMINURE
Quelques manuscrits des XI° et XII° siècles proviennent d'Italie, d'Espagne du Nord et de Bourgogne. 
Seule la Bible catalane de Roda (Paris, B.N.F., Ms. latin 6-3), qui date du second tiers du XI° siècle, présente un cycle dessiné ancien et exceptionnellement détaillé des Livres des Prophètes et consacre cinq  pleines pages illustrées au Livre de Daniel (fol. 64 à 66v)

Bible de l'abbaye Saint-Pierre de Roda (Catalogne), Paris, B.N.F., Ms. Lat. 6 (3), fol. 66 v°, milieu ou troisième quart du XI° siècle (description détaillée ci-dessous).

Une partie du folio 66v détaille le quatorzième chapitre de l’ouvrage en six vignettes successives évoquant dix scènes :
-          Daniel et le roi Cyrus au Temple de Bel : alors qu’un serviteur répand de la cendre sur le sol, l’un des prêtres émerge du passage secret débouchant sous l’autel pour dérober de la nourriture et signifier ainsi le festin nocturne,
-           Daniel renversant l’idole devant le roi et L’Arrestation des prêtres de Bel : l’image montre le subterfuge découvert. Daniel, devant le roi, renverse l’idole de Bel du bout d’un bâton alors qu’un soldat armé d’une lance, dans un geste semblable, arrête les prêtres à leur sortie du passage secret. Dans cette image, comme dans la précédente, le dieu Bel est représenté sous les traits d’un homme imberbe, avec les cheveux courts et une coiffe faite de quatre éléments (plumes ?) ; assis les jambes croisées à l’orientale, il est vêtu, écarte les bras et fait un geste de la main gauche.
-          Daniel empoisonnant le serpent : en présence du roi couronné, Daniel est représenté imberbe et auréolé, la tête tournée vers le serpent représenté sous la forme d’un dragon ailé, situé à sa gauche ; Daniel a cependant le buste de face et les jambes tournées vers le roi. Le dragon dévore déjà l’une des boulettes mortelles alors que le prophète s’apprête à lui en lancer deux autres.
-          Les babyloniens menaçant le roi Cyrus,
-    Daniel dans la fosse aux lions, nourri par Habacuc transporté par l’ange,
-          et L’exécution des ennemis de Daniel, dévorés par les sept lions.


SCULPTURE
Les quelques manuscrits romans s'ajoutent aux modèles antiques et tardo-antiques (sarcophages, verres gravés, coffrets), voire mérovingiens (sarcophages, plaques-boucles avec les représentations de Daniel entre les lions et de Daniel entre les lions secouru par Habacuc) qui ont pu influencer les sculpteurs.

Il faut tout d'abord insister sur le fait que cet article, visant à mettre en lumière les épisodes de Bel et du Dragon, possède deux gros défauts : il isole les œuvres de leur contexte (sculptures) et donne une vision faussée de l'ensemble des représentations consacrées à Daniel. En effet, il ne faut pas s'y tromper, l'écrasante majorité des scènes romanes consacrées à Daniel repose sur l'épisode de la Fosse aux lions (Dn.6 et Dn.14). Seuls 10% environ des œuvres évoquent les épisodes étudiés.

En ce qui concerne le contexte, il apparaît plus évident sur les reliefs romans mais est plus diffus lorsqu'il s'agit d'ensembles de chapiteaux. Il faut donc préciser que les chapiteaux de Bel et du Dragon s'inscrivent le plus souvent dans un ensemble où la scène de Daniel dans la fosse aux lions prédomine en place (grand chapiteau ou face centrale du chapiteau) et en nombre (souvent deux chapiteaux ou plus consacrés à ce thème, auxquels s'ajoutent les chapiteaux d'autres campagnes de construction), et voisinent avec de nombreux chapiteaux où se note la présence de lions affrontés et de lions  accostant, imposant ou dévorant des personnages (Babyloniens jetés dans la fosse ou pécheurs), celle de scènes de combats d'hommes confrontés à des animaux ou à des monstres (serpents, dragons, quadrupèdes) parmi lesquelles on reconnaît parfois Saint-Michel ou Samson, et celle d'images de Salut (élus aux bras levés, aigles) et de victoire
Enfin, comme sur les sarcophages paléochrétiens, les scènes étudiées voisinent avec d'autres thèmes et notamment le Péché originel, l'Adoration des Mages, la Tentation du Christ ou encore la Parabole du pauvre Lazare et du Mauvais Riche, et il sera nécessaire (dans un prochain article) de revenir sur les liens symboliques qui relient toutes ces scènes entre elles.

Près d'une trentaine d'exemples sculptés ont été recensés, essentiellement des chapiteaux mais aussi quelques reliefs qui datent majoritairement du XII° siècle. Ils ornent indifféremment toutes les parties de l’édifice religieux (crypte, chœur, transept, nef), au nord comme au sud, et à l’intérieur comme à l’extérieur (chevet, portail, cloître)

Ils sont localisés dans le nord de l’Espagne et surtout dans le quart sud-ouest de la France (Landes, Gironde, Lot-et-Garonne, Corrèze), dans une région marquée notamment par l’influence de Toulouse, Moissac, Saint-Sever, les routes de pèlerinage vers Compostelle et les échanges avec l’Espagne du Nord.
Peut-être faut-il placer l’émergence de ces thèmes dans le cadre des relations artistiques établies vers 1100 entre le chantier de Saint-Sernin de Toulouse (chapiteau de Daniel de la tribune ouest du croisillon sud) et celui de la cathédrale de Jaca (Espagne, Aragon, chapiteaux de Daniel du portail ouest et du cloître) ? 

Chapiteau de  la cathédrale de Jaca (Aragon), portail occidental, ébrasement sud, vers 1100 (1095-1115).
 Ce chapiteau semble offrir, sur la face principale, la scène de Daniel brandissant le serpent entre deux figures nues saisies d'effroi (babyloniens) et, sur une face latérale détériorée (non visible ici), la scène de l’Arrestation ou du châtiment des prêtres de Bel (Dn.14,21-22)
Le chapiteau voisin (non visible ici) montre la scène de Daniel dans la fosse aux lions secouru par Habacuc et accosté du roi.


 Chapiteau déposé provenant du cloître de la cathédrale de Jaca (Aragon), (fonts baptismaux de l’église Santiago y Santo Domingo de Jaca), début du XII° siècle.
Le chapiteau, ponctué de têtes humaines et de gueules de lions, montre notamment Daniel (à droite) portant son sac de pains empoisonnés et tenant le serpent.


Chapiteau de la crypte de l’ancienne église Saint-Girons d’Hagetmau (Landes, diocèse d’Aire, vers 1120-1130). Ce chapiteau  réserve deux de ses faces (non visibles ici) à la Parabole du mauvais riche (Lc.,16,19-31) et présente sur les deux autres faces Daniel empoisonnant le serpent
Daniel, de profil, lance une boulette au dragon. Le monstre, sculpté sur la face voisine, est représenté avec un corps puissant et de longues ailes ; il enroule et déroule (pendant son agonie ?) ses magnifiques anneaux recouverts d’écailles, une boulette encore visible dans sa gueule dentée placée sous la volute d’angle.


Au centre de la France, un groupe de chapiteaux berrichons (Indre, Cher, Allier) s’avère cependant différent et semble relever, pour sa part, du rayonnement des chantiers de Saint-Benoît/Loire, Bourges et Déols. La présence d'un chapiteau au porche de Saint-Benoît/Loire relance notamment le problème de la datation de la sculpture de cet édifice. 


Chapiteau de l'étage du porche de l'abbatiale Saint-Benoît/Loire, XI° s. (fin du XI° s. ?).
La scène, dédoublée, montre Daniel tenant de la main gauche le dragon et de l'autre tirant la barbe du roi, en présence d'une petite tête évoquant l'idole de Bel. La queue du dragon enserre le cou de babyloniens se tenant par la taille (lien des prêtres de Bel et des ennemis de la vraie foi).

Enfin, quelques chapiteaux en Bourgogne (Gourdon, Sâone-et-Loire, début du XII° siècle) et sur ses marges (Bâgé, Ain et Rozier-Côtes-d'Aurec, Loire, milieu du XII° siècle) montrent la présence des thèmes  étudiés sur ce territoire, ce qui est confirmé par l'enluminure du second quart du siècle (Bible de Saint-Bénigne de Dijon).


Chapiteau de l'église Notre-Dame de Gourdon (Saône-et-Loire), (retombée nord de l'arc triomphal ?), vers 1100 (1090-1110). Daniel, debout à l'angle du chapiteau (nu ?), au milieu de motifs cosmiques, tient de la main gauche le serpent (qui se déroule sur la face centrale) et de la droite une boule de pain empoisonné. Un autre personnage (peu visible) apparaît à l'angle opposé, bras écartés (à nouveau Daniel ?).

Globalement, l'ensemble des exemples est situé en France méridionale, au sud de la Loire et principalement en Aquitaine. Si les styles et traitements des chapiteaux sont différents dans les groupes évoqués, il y a cependant des similitudes sur le plan des compositions et du choix des scènes. 
Le détail donne cependant une vision beaucoup plus complexe et des liens différents. Si l'on prend par exemple le chapiteau de Rozier-Côtes-d'Aurec, (Loire), il évoque par son contexte architectural l'influence bourguignonne, par sa composition le chapiteau berrichon de Saint-Désiré (Allier) (les deux édifices dépendaient depuis la seconde moitié du XI° siècle du prieuré de Saint-Michel-de-Cluse en Piémont) et par son style l'influence espagnole.


Quelques rares œuvres évoquent l’ensemble du chapitre 14 avec la représentation ou l'évocation des trois scènes mais le plus grand nombre illustre deux épisodes seulement.


Chapiteaux du pilier sud de l’entrée du chœur (partie droite) de la cathédrale de Chur (Suisse, Grisons), fin du XII° siècle. Alors que la corbeille principale est consacrée à la scène de Daniel entre les lions secouru par Habacuc et accosté du roi, les trois plus petits chapiteaux de droite présentent respectivement sur l’angle, la figure de Bel, celle du roi Cyrus assis (identifié par une inscription) et celle du dragon. Il est à noter que les petits chapiteaux présentent simplement les protagonistes, sans aucune narration. L’idole de Bel est ici une figure mi-humaine mi-démoniaque aux bras levés qui se présente nue avec une tête monstrueuse cornue et repose sur une colonnette torsadée. Le dragon, présenté de face, déroule sous ses ailes éployées (refaites) toutes les circonvolutions de son corps de reptile. Les faces et chapiteaux de gauche (non visibles ici) présentent Habacuc sur la face latérale du grand chapiteau, puis deux figures d'anges encadrant un évêque sur les trois petits chapiteaux de gauche.



Chapiteau (faces ouest, sud et est) de l'église de Saint-Désiré (Allier), mur gouttereau nord de la nef, vers 1120. La corbeille, en partie bûchée, offre sur la face centrale, Daniel présenté debout et de face, vêtu d’une courte tunique échancrée au col. Il tient de la main droite la gueule d’un simple serpent mort et tire, de la gauche, l’extrémité torsadée de la barbe d’une tête d’angle  (peut-être reliée à un corps de serpent ou accostée d’un nœud d’entrelacs). Par ce geste, Daniel semble renverser l’idole de Bel et jeter son culte à bas, en la tirant par une barbe évocatrice des figures babyloniennes ou bien détourne la figure du roi du culte de Bel, jeté à bas. Dans les espaces situés entre les figures, un décor orne le fond des deux faces étudiées : un motif de rayons domine ainsi le corps du serpent dressé et plusieurs motifs végétaux schématisés entourent encore le prophète.


Chapiteau (faces ouest et sud) de Rozier-Côtes-d’Aurec (Loire), mur gouttereau nord de la nef unique, milieu du XII° s. Daniel s’apprête à lancer, de la main droite, une boule de pain empoisonnée au dragon latéral (prêt à dévorer une boule qu’il tient déjà entre ses pattes) et saisit vigoureusement de la gauche un élément torsadé (comme sur la pyxide en ivoire du VI° s. de Moggio et comme sur le chapiteau de la fin du XII° s. de la cathédrale de Chur). Cette torsade semble être une colonnette dépourvue de chapiteau qui se répète, encadrant symétriquement la scène ; Daniel renverse probablement la colonne qui porte la statue de Bel. Il est à noter que les motifs qui entourent ici la tête du prophète et dominent celle du dragon sont nettement des motifs cosmiques. Le style du chapiteau, comme de l’ensemble sculpté de l’édifice, évoque celui des églises pyrénéennes (Sud-Ouest, Comminges, Espagne du Nord)La face est du chapiteau (non visible ici) est seulement ornée de feuilles simples, identiques à celles des angles inférieurs de la face centrale sud.


LES PERSONNAGES
Dans ces œuvres romanes, Daniel est indifféremment représenté barbu ou imberbe, tête nue, coiffée d’un bonnet (juif) ou exceptionnellement nimbée (Bible de Roda). Il est vêtu d’une tunique longue (Espagne du Nord et Sud-Ouest de la France) ou bien coupée au genou (Centre de la France), et souvent dans ce cas échancrée au col et ceinturée à la taille. Il est parfois également vêtu d'un manteau mais n'est qu'exceptionnellement revêtu du costume persan (Bible de Reims). Il porte enfin quelquefois (comme Habacuc), autour du cou, un sac de tissu hémicirculaire où les pains empoisonnés destinés au dragon sont entassés et visibles (chapiteau déposé du cloître de Jaca, Aragon ; relief de Saint-Paul-lès-Dax, Landes ; Bible de Reims). Son nom apparaît parfois gravé sur le chapiteau (chapiteau déposé de Quittimont, chapiteau suisse de Chur, Grisons).
Daniel est enfin quelquefois accosté (comme le serpent) de symboles cosmiques et d'étoiles (Gourdon, Saône-et-Loire ; Saint-Désiré, Allier ; Rozier-Côtes-d'Aurec, Loire) à l'image des œuvres paléochrétiennes et mérovingiennes. Il est enfin parfois accosté d'anges (même en l'absence d'Habacuc (Rebordàns, Galice ; Yermo, Cantabrie) ou d'un aigle, comme sur la pyxide en ivoire du VI° s. de Moggio (Neuilly-en-Dun, Germigny, Chur, Yermo) ou d'oiseaux affrontés buvant au calice (La Celle-Condé, Cher) qui évoquent l'épisode de la Fosse et plus globalement les victoires divines de Daniel.

Le roi, parfois présent aux côtés de Daniel, est généralement barbu (barbe souvent bifide). Il est parfois identifié par les insignes du pouvoir, trône, sceptre ou couronne (Bible de Roda) et peut être en plus identifié par une inscription (chapiteau de Chur, Grisons). 

L’idole de Bel est représentée désormais mais reste rare elle-aussi ; elle adopte soit une forme humaine masculine, coiffée de plumes, vêtue (Bible de Roda) ou non (Châteaumeillant, Cher), soit une forme simiesque (singes cordés de Neuilly-en-Dun et Germigny-l'Exempt, Cher), soit encore une forme monstrueuse et démoniaque, dentée ou cornue (Saint-André-de-Bâgé, Ain ; Yermo, Cantabrie ; Chur, Grisons). L'idole de Bel apparaît parfois tombée (Yermo, Cantabrie) ou en train de chuter de son autel (Bible de Roda) ou de la colonnette qui lui sert de piédestal (Chur, Grisons).


Le serpent sacré des babyloniens reste un simple reptile

(chapiteaux de Jaca, Aragon ; Loarre, Aragon; Gourdon, Saône-et-Loire ; Saint-Désiré, Allier ; Rebordàns, Galice) avec parfois une tête monstrueuse qui rappelle certains monstres mérovingiens (La Celle-Condé, Cher) mais il apparaît le plus souvent comme un grand dragon pourvu de deux ailes (greffées sur le dos ou le haut des pattes), avec deux pattes antérieures griffues et corps et queue de serpent (sans ailes à Beaulieu, Corrèze), formant parfois de nombreux anneaux et occupant une large partie de la corbeille (exemples aquitains). 
La scène représente généralement le serpent en train de manger l'une des boules empoisonnées mais il apparaît également tenu par Daniel (Saint-Benoît/Loire, Loiret ; Gourdon, Saône-et-Loire ; Saint-Désiré, Allier ; portail de Jaca, Aragon), peut-être même déjà mort.

D'autres figures apparaissent parfois dans les épisodes étudiés : Habacuc, un moissonneur, un évêque (chapiteau suisse de Chur, Grisons), des figures de babyloniens adeptes de Bel et du dragon. Parfois réduites à de simples têtes apparaissant derrière les personnages principaux, ces figures ne sont pas toujours identifiables.  



Chapiteau de Yermo (Espagne, Cantabrie), portail sud, ébrasement gauche, vers 1203.
Daniel en prière, domine à l'angle deux grands lions ; il est accosté à gauche d'un ange tenant la bordure de la fosse et présentant le Livre, et à droite d'une figure démoniaque tombée.
Le chapiteau voisin montre le châtiment des babyloniens livrés aux lions par la chute et la dévoration d'un personnage.


AMBIGUÏTÉ DES SCÈNES 
Les motifs qui ornent les scènes de Daniel 14 sont souvent semblables à ceux de beaucoup d'autres et donc ambigus, ce qui explique notamment que les scènes étudiées n'ont été que rarement identifiées. En effet, les lions, dragons et serpents ou les figures symétriques accostées de deux monstres sont légion dans l'art roman. A l'inverse, sur des chapiteaux clairement consacrés à Daniel, il arrive que les lions se mélangent avec des rinceaux végétaux ou que leur queue se transforme en serpent et la première impression peut faussement laisser croire à une représentation de Daniel et le dragon.

Une scène présentant un homme empoisonnant un dragon n'est pas non plus toujours la preuve de la présence de Daniel. Ainsi dans une Bible du Mont-Saint-Michel ornant l’initiale du Livre de Michée (Bordeaux, BM, Ms. I, fol. 240v, U de Uerbum, vers 1070-1100) ou dans la Bible anglaise de Bury St Edmunds (Cambridge, Corpus Christi College, Ms. 2, fol. 328v, vers 1130-1135), il s'agit bien de la représentation de Michée, même s'il est probable qu’il y ait là l'influence de l’iconographie de Daniel.
Dans le Psautier anglais de Saint-Alban (Hildesheim, bibliothèque de la cathédrale, vers 1130), l'initiale S du psaume 58(57) est ornée d'un homme présentant un pain au dragon (en relation avec les versets 4-6) ; il ne s'agit pas d'une représentation de Daniel mais plus probablement de celle d'un impie faisant une offrande au démon, l'adorant et le nourrissant.

L’ambiguïté peut même perdurer après l'identification des scènes, cette fois sur l'identité d'une figure ou sur la symbolique d'un motif.
Ainsi, la présence d’un dragon dans une initiale enluminée du Livre de Daniel ou de son Prologue ne doit-elle pas être considérée comme une allusion systématique au chapitre 14, même lorsque Daniel est représenté ; le dragon y est en effet généralement symbolique des puissances du Mal, de Babylone et ses souverains, comme notamment Nabuchodonosor (Dn.1,1) ou Antiochus IV Épiphane (Dn.7,7-8).
Le pain tendu par Daniel, en l'absence de la figure du serpent, est la preuve du passage d'Habacuc et du rôle salvateur de la parole divine et non celle de l'épisode du Serpent.

Le motif le plus ambigu des scènes de Dn. 14 est certainement celui du motif torsadé tenu ou tiré par une main. Il se trouve sur quatre chapiteaux : Saint-Désiré, Saint-Genès-de-Châteaumeillant, Rozier-Côtes-d'Aurec et Chur.
A Saint-Désiré et à Châteaumeillant, le motif est nettement celui d'un pan de barbe bifide d'une tête d'homme d'angle ; cependant alors que ce pan de barbe est tiré par Daniel à Saint-Désiré (comme d'ailleurs à Saint-Benoît/Loire), il est tiré par Bel à Châteaumeillant. Sur la face opposée de même chapiteau de Châteaumeillant, le motif torsadé est cette fois la colonnette d'un édifice qui peut être celui du palais du roi, du temple de Bel ou de la ville de Babylone.
A Rozier-Côtes-d'Aurec, le motif torsadé semble une colonnette qui occupe les deux angles de la corbeille ; est-il là une évocation des colonnes du temple de Bel que Daniel détruirait comme un autre Samson ou bien celle d'une colonnette portant l'idole de Bel, comme c'est clairement le cas à Chur, et comme c'était déjà le cas sur la pyxide de Moggio au VI° siècle ? Ces colonnettes évoquent-elles seulement un cadre de composition, comme c'était le cas sur les sarcophages paléochrétiens où elles rythmaient et séparaient les scènes ?
Que déduire de tout cela, le motif torsadé étant tour à tour l'évocation de la figure du roi et de celle de l'idole de Bel et de son temple ? Est-ce tout simplement l'évocation du contexte mésopotamien de la scène ? 

Alors que nous pensions cerner le sens de ces scènes, tout nous échappe ! Essayons par exemple de détailler les scènes du chapiteau de Châteaumeillant (Cher, milieu du XII° siècle), uniquement visibles sur des agrandissements photographiques. 

Chapiteau (faces ouest et sud) de l'église Saint-Genès de Châteaumeillant (Cher), grande arcade de la nef centrale, côté nord, milieu du XII° s. (description détaillée ci-dessous).


La composition en est étrange, l'un des deux lions de la scène de Daniel occupant le centre de la corbeille ! L'extrémité de la queue de ce lion s'épanouit en fleuron et dessine au-dessus de son corps une double volute ; l'une de ces volutes semble se terminer par une petite tête de serpent ou se souder avec le corps de ce dernier et va finalement marquer le centre du dé, accostée à droite d'une petite tête démoniaque (Bel ?). Notons que le lion semble tenir une boule de l'une de ses pattes avant (pain ?) et qu'il semble en tenir une autre dans la gueule, à moins que ce ne soit l'extrémité de la ceinture de la tunique de Daniel.
L'angle droit de la corbeille est occupé par la figure de Daniel (la tête sous une coque végétale de tradition berrichonne), et la face latérale droite est occupée par le deuxième lion (vertical) au-dessus duquel se découvre la petite tête d'un nouveau personnage (roi ?) sous un élément d'architecture porté par deux très petites colonnettes torsadées (Babylone ?). Notons que Daniel tient de la main gauche la queue de ce deuxième lion, queue qui se confond au final avec l'autre extrémité de la ceinture qui enserre la tunique du prophète.

Chapiteau (faces nord et ouest) de l'église Saint-Genès de Chateaumeillant (Cher), grande arcade de la nef centrale, côté nord, milieu du XII° s. (description détaillée ci-dessous).

L'angle gauche de la corbeille nous offre lui, une figure symétrique à celle de Daniel qui se révèle être uniquement une grosse tête humaine à la barbe bifide. Sur la face latérale gauche, un être nu et étrange couronné de plumes (Bel ?) se dirige vers l'angle et tient l'un des deux pans de barbe de la grosse tête humaine (roi ?). Est-ce la conquête impérative et décisive du roi, ici par Bel (ailleurs par Daniel) qui est évoquée par ce geste ?


LISTE DES ŒUVRES ROMANES RECENSÉES

Il semble probable qu'il existe des chapiteaux italiens, allemands et britanniques des scènes de Dn. 14 mais aucune ne semble avoir été identifiée à ce jour.

MANUSCRITS (ITALIE)
- Jérôme, Commentaires sur le Livre de Daniel, Vatican, Biblioteca Apostolica Vaticana, Pal. Lat. 173, fol. ?, vers 1001-1015.
- Bible de la cathédrale San Fortunato de Todi, Vatican, Bibl. Vat. Lat., 10405, fol. 160 v° (lettre A du Livre de Daniel ?), XI° siècle.

MANUSCRITS (ESPAGNE)

- Bible de l'abbaye Saint-Pierre de Roda (Catalogne), Paris, B.N.F., Ms. Lat. 6 (3), fol. 66 v° (6 vignettes/10), milieu ou troisième quart du XI° siècle.

MANUSCRITS (FRANCE)

 Bible de l'abbaye de Reims, B.M. Reims, Ms. 18, fol. 62 v°, Est de la France, initiale D de Danihele de la Préface de Jérôme au Livre de Daniel, vers 1120-1140.
Bible de l'abbaye Saint-Bénigne de Dijon, B.M. Dijon, Ms. 2, fol. 324, initiale A de Anno du Livre de Daniel, vers 1125-1150.

SCULPTURES (ESPAGNE)
- Chapiteau de  la cathédrale de Jaca (Aragon), portail occidental, vers 1100 (1095-1115).
- Chapiteau déposé provenant du cloître de la cathédrale de Jaca (Aragon), (fonts baptismaux de l’église Santiago y Santo Domingo de Jaca), début du XII° s.
- Chapiteau de l'église San Pedro del Castillo de Loarre (Aragon), arcature basse intérieure de l’abside, côté sud, vers 1110.
- Chapiteau de l'abbatiale San Bartolomeu de Rebordàns (Galice), chapelle sud du choeur, seconde moitié du XII° siècle.
- Chapiteau de Yermo (Cantabrie), portail sud, ébrasement gauche, vers 1203.

SCULPTURES (FRANCE)
- Chapiteau de l'étage du porche de l'abbatiale Saint-Benoît/Loire, XI° s. (fin du XI° s. ?).
- Chapiteau de l'église Notre-Dame de Gourdon (Saône-et-Loire), (retombée nord de l'arc triomphal ?), vers 1100 (1090-1110).
- Chapiteau de l'église de Neuilly-en-Dun (Cher), mur gouttereau nord de la partie droite du chœur servant de transept, premier tiers du XII° s.
- Chapiteau de l'église de Germigny-l’Exempt (Cher), porche, premier tiers du XII° s.
- Chapiteau de l'église Saint-Denis de Condé, La Celle-Condé (Cher), portail ouest, début XII° s.
- Chapiteau de l'église Saint-Genès de Châteaumeillant (Cher),  grande arcade de la nef centrale, côté nord, milieu du XII° s.
- Chapiteau de Ciron (Indre), (thème non identifié), mur goutterot nord de la nef unique, fin du XII° s.
- Chapiteau de l'église de Saint-Désiré (Allier), mur gouttereau nord de la nef, vers 1120.
- Chapiteau de l'église de La Sauve-Majeure, La Sauve (Gironde), années 1120-1130, baie axiale de l’abside, colonnette sud.
- Chapiteau de l'église de Saint-Girons d’Hagetmau (Landes), crypte, vers 1120-1130.
- Deux des onze reliefs sculptés de l'église de Saint-Paul-lès-Dax (Landes), pourtour de l’abside, côté nord, vers 1120-1130.
- Chapiteau de  l’église Saint-Vincent du Mas d’Agenais (Lot-et-Garonne), arcade de communication entre le chœur et l’absidiole sud, vers 1120-1130.
- Chapiteaux de l'église de Saint-Pierre-de-Quittimont, Lacépède (Lot-et-Garonne), chapiteau nord de l’arc triomphal, et chapiteau colossal déposé et mutilé, transformé en fonts baptismaux, vers 1120-1140.
- Chapiteau de l'église de Laurenque, Gavaudun (Lot-et-Garonne), portail ouest, vers 1120-1140.
- Deux chapiteaux de l’église Saint-Vincent de Saint-Sardos (Lot-et-Garonne), dont un déposé, mutilé et transformé en fonts baptismaux, vers 1120-1140.
- Reliefs mutilés du contrefort ouest du porche sud de l'église de Beaulieu-sur-Dordogne (Corrèze), milieu du XII° s.
- Linteau de l'église de Saillac (thème non identifié) (Corrèze), portail occidental (remanié), XII° s.
- Colonne avec chapiteau et base ornés de Saint-André de Bagé (Ain), arcature de l'abside, milieu du XII° s.
- Chapiteau de Rozier-Côtes-d’Aurec (Loire), mur gouttereau nord de la nef unique, milieu du XII° s.

SCULPTURES (SUISSE) : chapiteaux du pilier sud de l’entrée du chœur (partie droite) de la cathédrale de Chur (Grisons, fin XII° siècle).

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE 

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- CABANOT (Jean), Gascogne Romane, Zodiaque 1978 (« Hagetmau » , p 123-128 et pl. 38-44 ; « Saint-Paul-lès-Dax » p 263-269, pl. couleurs p 262 et pl. 100-109).
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- DUCOURET (B.), MONNET (T.), « L’église de Rozier-Côtes-d’Aurec », Canton de Saint-Bonnet-le-Château - Entre Forez et Velay, Images du Patrimoine n° 182, Commission régionale Rhône-Alpes, Lyon, 1998 p 7 et p 45-47 .
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- FAVIERE Jean, « Neuilly-en-Dun », Berry roman, collection Zodiaque, 1970 p 173-176  (fig. 94-101), fig. 97-98.
- GRÖGER (Herbert), TOMAMICHEL (Franz), Kathedrale Chur, NZN Buchverlag, Zürich, 1972 (Daniel p 116-125, fig. 121-126, Bel et le dragon fig. 126 p 121).
- LACOSTE (Jacques), « La sculpture romane de la Sauve-Majeure et de ses origines », L’Entre-Deux-Mers et son identité, L’Abbaye de La Sauve-Majeure de sa fondation à nos jours, Camiac-et-Saint-Denis, CLEM, 1996, vol. 1 p 117-136 (Daniel et le dragon à La Sauve-Majeure, Saint-Sardos, Saint-Girons d’Hagetmau et Saint-Pierre-de-Quittimont p 128-129 et note 65 p 135).
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